J’ai été imaginé au XVIIe siècle par un illustre personnage , Pierre-Paul Riquet ,mais mon parcours a été réalisé sous la surveillance de Jean-Baptiste de Baudre au XIXe siècle .
Je traverse 2 régions et 4 départements, la Haute Garonne, Le Tarn et Garonne, le Lot et Garonne et la Gironde. Mon tracé va de Toulouse à Castets-en-Dorthe. Il est construit à la fois sur des secteurs de terrasse alluviale et dans la plaine inondable.
Je suis d’un naturel calme et tranquille, même le vent d’autan ne me contrarie pas, ma surface frissonne légèrement puis reprend son aspect miroir , lisse et brillant , de couleur verdâtre .
Mes berges sont verdoyantes toute l’année et très fleuries au printemps. Les feuilles des iris des marais se penchent sur mon parcours comme des révérences d’un autre temps. Les gouttes d’eau qui reposent sur leurs feuilles vertes, longues et ensiformes , attendent un léger souffle pour encenser mon passage !!!
Lorsque nous sommes au bord de l'eau , les arbres d’en face se reflètent à l’envers, de haut en bas, car ici, le miroir de l’eau est horizontal ,l’angle de réflexion est égal à l’angle d’incidence.
L’eau n’est cependant pas un miroir parfait. C’est ainsi que l’eau est rarement stagnante et les reflets présentent une certaine difformité due aux mouvements de la surface.
La surface de l’eau filtre également les couleurs et il en résulte une saturation des couleurs réfléchies les plus sombres.
Si l’arbre surplombe le bord de l’eau, son image reflétée est de taille similaire à l’image directe. Mais si l’arbre est éloigné de la rive, sa base est tronquée.
Il m’arrive de réduire mon débit mais d’augmenter ma vitesse à l’approche des ponts en pierre et brique et de forme,anse de panier.
Ici, Charles Baudelaire ne se voit pas dans un miroir ordinaire, mais dans les yeux verts de Marie Daubrun, sa muse.
Se voir dans les yeux d’une autre personne est un thème récurrent en littérature. La nouveauté, apportée par Baudelaire, est que les yeux sont ici, d’entrée, assimilés à l’élément liquide de l’eau. De même, Baudelaire insiste beaucoup sur le fait que les yeux de Marie Aubrun soient verts pour faire immédiatement le rapprochement avec la couleur des lacs.Maintenant, considérons-le vers le plus troublant :
" Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers ."